Quand une passion devient un métier et que les matériaux se combinent pour soutenir la créativité et la qualité… L’Atelier Calla s’efforce sincèrement d’attirer les marchés, avec les Caraïbes en tête ! Caribbean Export entend soutenir la démarche de l’entreprise et aider l’Atelier Calla à profiter des opportunités offertes par la région.
Lorsque Christelle Chignard Paul a commencé à imaginer des bijoux et des accessoires en corne ou en bois, c’était plus un hobby qu’un métier. Élevée en Belgique, chaque séjour en Haïti était pour elle l’occasion de retrouver les perles et les matériaux que les artisans traditionnels utilisaient pour produire toutes sortes de souvenirs. qui a habité sa mémoire d’enfant.
En 1998, lorsqu’elle est retournée dans son pays, elle a réalisé les immenses possibilités qu’offraient ces matériaux. En 2007, elle a lancé un petit atelier de production, fabriquant des pièces principalement en corne de bœuf, qu’elle assemble elle-même. Après le tremblement de terre, sollicitée par des artisans en détresse, elle a décidé de créer officiellement l’Atelier Calla en 2011.
Paradoxalement, cette catastrophe marque un tournant dans la carrière de Christelle et dans l’avenir de l’Atelier Calla. Donna Karan est venue visiter Haïti, qui était alors en ruines, et a été séduite par l’approche et les produits de Calla. Elle a découvert l’aspect brûlé des cornes que les artisans ont retiré par polissage et que Christelle conserve dans ses créations. La créatrice américaine a ajouté sa touche personnelle à cette technique en travaillant avec l’atelier Calla sur des collections originales. Cela a donné une nouvelle visibilité à Haïti et à son potentiel artistique.
Une vitrine… c’est exactement ce dont l’artisanat créatif haïtien a besoin, et encore plus celui de l’Atelier Calla, dont les productions raffinées, contemporaines et même intemporelles séduisent un public international. L’Atelier Calla est déjà passé de la bijouterie aux accessoires de table, qui associent avec goût les pièces nobles qu’il transforme. Et c’est un succès ! Dans l’atelier de la rue du Centre, au cœur du centre-ville de Port-au-Prince, douze personnes, dont cinq artisans, travaillent avec Christelle. Trois jeunes femmes travaillent à l’assemblage et à la finition des produits avant qu’ils ne soient expédiés. Elle leur enseigne le contrôle de la qualité et l’importance d’être cohérent dans la mise au point des produits et de leur emballage.
L’Atelier Calla se développe grâce à l’innovation, en se concentrant sur la recherche et la qualité. “La corne est un matériau vivant, qui évolue en fonction de la quantité d’humidité. Il faut trouver la bonne colle et les bons matériaux”, explique l’entrepreneur, qui investit continuellement dans la créativité, la qualité et la durabilité. Ses créations sont souvent copiées, ce qui est l’un des défis qu’elle doit relever en Haïti. Sa stratégie consiste toutefois à passer à un autre produit lorsque le marché est inondé de copies, souvent de moindre qualité.
Après la visite de Donna Karan, c’est Macy’s, le célèbre détaillant américain, qui s’est intéressé aux produits de l’Atelier Calla. À cette époque, vers 2015, le leitmotiv du pays était “Open for Business” et Haïti bourdonnait d’activités et d’ONG. C’est alors que l’Atelier Calla a fait la connaissance d’Artisan Business Network (ABN), une ONG qui l’a emmenée à une foire à New York et lui a fait découvrir le marché américain. “Participer à une foire vous donne une certaine crédibilité. Il faut avoir les moyens de participer et d’avoir des stocks. Cela reflète le sérieux de l’entreprise. C’est un secteur où il faut voir, toucher, rencontrer et s’assurer que l’interlocuteur est là pour longtemps”, explique l’entrepreneur.
L’Atelier CALLA exportait ses produits tout en satisfaisant le marché local qui appréciait sa créativité, lorsque COVID est arrivé et a mis un obstacle à son expansion…
À cette époque, l’Atelier Calla travaillait sur une collection binationale, dans le cadre du projet Symbiose, initié par Caribbean Export. L’initiative rassemble des étudiants et des designers autour de la bijouterie.
Caribbean Export soutient également un autre projet qui permettra à Christelle de prendre pied sur le marché dominicain, par le biais d’un programme financé par le volet commerce et soutien au secteur privé du programme binational HT-RD dans le cadre du 11e Fonds européen de développement (FED) de l’Union européenne.
Invité à une formation en graphisme numérique pour les bijoux, l’Atelier CALLA a rencontré les représentants de Jenny Polanco. Il y a eu un déclic ! La marque dominicaine a été séduite par l’aspect contemporain des créations de Calla, qui se démarquent de la connotation souvent très ethnique ou folklorique de l’artisanat local. La combinaison de matériaux traditionnels tels que la corne et le bois avec des lignes modernes et des designs tendance, qui plaisent à un large éventail de cultures, a fait mouche. Atelier Calla a reçu une commande d’échantillons, puis une commande test d’accessoires de table : ronds de serviette, couteaux et plateaux à fromage. “C’est une grande chance de pouvoir travailler avec l’équipe de Jenny Polanco. Leur ouverture d’esprit, leurs encouragements à apporter une touche sophistiquée et luxueuse à la collection….. Ils m’ont fait confiance et je pense les avoir convaincus de notre capacité à créer et produire des accessoires sous la marque Polanco.”
L’Atelier Calla a saisi l’opportunité offerte par cette première commande et poursuivra la collaboration artistique en proposant ses propres créations, et en réalisant des produits qui reflètent le style et l’esthétique spécifique des collections de la marque dominicaine. La petite entreprise haïtienne est habituée à fabriquer pour des designers étrangers. Environ 30 % de sa production est destinée à ces marques sur le marché américain, le marché d’exportation le plus porteur pour Atelier Calla. Pour répondre à cette demande et à ces commandes, ” le plus grand défi aujourd’hui est l’approvisionnement en matières premières et la hausse des coûts de l’énergie et des transports, qui touche tout. Chaque fois que nous nous relevons après un obstacle, un autre impondérable se présente à nous”, déclare Christelle Chignard Paul. Mais le petit atelier a su se construire une image et une réputation qui lui permettent d’envisager une réelle expansion régionale et internationale. L’important est d’être connu et représenté, de trouver des opportunités et de participer à des salons à l’étranger. Dans notre région très prometteuse des Caraïbes, le premier pays que nous avons conquis est la République dominicaine !