Pièces uniques peintes à la main, dessins reproduits sur des vêtements ou des accessoires de plage, pochoirs, sérigraphies ou teintures, SANDILOU a développé une collection de vêtements de vacances très originale, “Made in Haiti”, qui ne demande qu’à être exportée ! Et c’est ce que Caribbean Export veut aider à réaliser…
Sous la tonnelle de l’atelier de SANDILOU, à Delmas 64, dans l’agglomération de Port-au-Prince, les couleurs chatoyantes des écharpes et des tissus teints flottent au gré de la brise. Ils seront ensuite lavés et séchés au soleil, avant d’être embellis et cousus.
Dans ce grand jardin, qui abrite un arbre centenaire, les membres de l’équipe sont concentrés sur leurs tâches : certains peignent les fonds avec des teintures, d’autres ajoutent des contours au pinceau sur des toiles de tissu teinté tendues sur des cadres. Ils y peignent à main levée et sans dessin préétabli, sur des tissus naturels tels que le coton, le lin ou la rayonne, en utilisant des peintures spéciales pour tissus.
Sandra Russo partage son inspiration pour une collection avec son équipe d’artistes (qui est très familiale : plusieurs générations de la famille peignent ou cousent). C’est à l’équipe d’interpréter l’idée sur la toile….. “Je décide du ton et des couleurs à utiliser et chacun a le champ libre pour livrer une pièce différente… c’est la beauté des pièces uniques faites à la main,” dit-elle joyeusement. Et c’est l’essence même de cette petite marque haïtienne qui veut grandir !
En 2012, Sandra Russo a enregistré SANDILOU en tant qu’entreprise “d’artisanat textile”. Une classification très spécifique, obtenue grâce à sa détermination et qui lui permet d’opérer dans la tranche des taxes et des tarifs de transport prévue pour l’artisanat et non pour le textile.
Elle est immergée dans le monde de la peinture et de l’art depuis son enfance.. ” J’ai été entourée de femmes peintres, à commencer par ma mère, j’ai grandi entourée d’artistes. Cela m’a conduit à poursuivre la peinture, puis à SANDILOU. Pour la petite histoire, ce nom est la combinaison de mon surnom et de celui de ma sœur… donné par un membre de la famille qui ne pouvait jamais nous différencier, alors il nous a combinées en un seul surnom… “, conclut-elle en riant. La petite marque reflète l’éducation de son propriétaire : elle propose son art pictural sur plusieurs matières textiles, toute une gamme de vêtements et d’accessoires de plage, des vêtements de loisirs, mais aussi des articles de maison tels que des nappes et une collection de coussins, tous plus colorés les uns que les autres. De nombreuses techniques différentes sont utilisées : tie-dye, pochoirs, sérigraphie, aérographie, impression… Tout cela contribue à faire des collections de SANDILOU des œuvres d’art très originales et uniques, peintes à la main sur des foulards (leurs meilleures ventes) ou reproduites sur des serviettes de plage et des coussins.
Lorsque des accessoires et des vêtements originaux sont produits sur une île, le défi consiste à les exporter. Pour SANDILOU, comme pour de nombreux créateurs haïtiens, le marché local est toujours un laboratoire utile pour tester les produits, mais seule l’exportation peut garantir une véritable croissance. C’est dans cette optique, et notamment pour favoriser une connexion avec le marché de la République Dominicaine (RD), que Caribbean Export, par le biais d’un programme financé par la composante d’appui au commerce et au secteur privé du programme binational HT-RD dans le cadre du 11ème Fonds Européen de Développement (FED) de l’Union Européenne, tente, depuis plusieurs années, d’orienter et d’accompagner la chaîne de valeur des entreprises artisanales, dont SANDILOU. Le COVID 19 a ralenti ces projets, mais les réunions ont finalement abouti grâce à la présentation virtuelle de plusieurs entreprises haïtiennes à des acheteurs potentiels du pays voisin. La rencontre avec la société Jenny Polanco a permis à SANDILOU de présenter ses échantillons à une marque déjà bien implantée en RD. Sandra Russo a également travaillé sur le projet Symbiose, un autre programme initié par Caribbean Export, qui a réuni les deux pays sur un stage de création de bijoux, pour habiller les modèles qui présenteront ces œuvres lors d’une exposition qui devrait avoir lieu en 2022.
En attendant que les opportunités se concrétisent de ce côté de l’île, SANDILOU travaille sur son site internet et ses outils marketing, grâce à une subvention directe obtenue dans le cadre du programme de soutien au développement du secteur privé de Caribbean Export. “Nous avons produit nous-mêmes une courte vidéo et un site web et nous allons améliorer ou développer des outils de marketing et de communication plus pertinents et plus actuels pour aborder le marché. Avec des caftans, des écharpes, des robes de plage et des serviettes colorées, notre collection est vraiment un produit typique du style villégiature et loisirs, et les Caraïbes sont l’une des régions les plus réceptives à ce type de produit. Cependant, ce marché a radicalement changé en raison de COVID-19 : certaines stations et magasins ont disparu, et d’autres émergent”. explique Sandra Russo, convaincue que le véritable défi aujourd’hui est de conquérir ces nouveaux acteurs.
Les Caraïbes constituent un marché essentiel, la République dominicaine reste à explorer, notamment dans son volet stations balnéaires et hôtels, et aux États-Unis, les boutiques et marchés des musées offrent déjà des opportunités intéressantes. SANDILOU vient de créer une collection qui sera présentée cet été au “Artisan Marketplace” de la Smithsonian Institution. Sandra se souvient avec nostalgie des foires qui avaient lieu dans toutes les îles des Caraïbes jusqu’à l’arrivée de COVID-19 : “C’est le véritable lieu de rencontre entre les acheteurs et les artisans. Certaines choses se font en ligne, mais nous, les insulaires, nous avons besoin du contact humain, nous avons besoin de sentir les matériaux, de nous rencontrer en chair et en os… pour savoir à qui nous avons affaire. “ Le principal défi pour la petite entreprise haïtienne en 2022 sera donc de trouver des moyens de présenter ses collections et de pénétrer les marchés. Avec une collection d’environ 2 000 à 3 000 dessins originaux dans son inventaire, SANDILOU ne manquera pas d’inspiration et est prêt à relever le défi !